Afrique : un potentiel énergétique énorme et varié
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Deux Africains sur trois n’ont pas accès à des sources d’énergie modernes et fiables. Leurs besoins sont donc immenses, d’autant plus que la population du continent devrait doubler d’ici à 2050. Les obstacles à une bonne utilisation du potentiel énergétique de l’Afrique, qui est pourtant énorme, sont nombreux. Mais d’autres signaux sont au vert : après le succès du sommet de Paris sur le climat de décembre 2015, l’heure est au soutien au développement des énergies bas carbone. L’Afrique pourrait ainsi passer directement à une nouvelle ère en matière énergétique sans franchir les différentes étapes qu’ont pu connaître les pays développés pour y parvenir. A cet égard, l’utilisation décentralisée de l’énergie solaire pourrait constituer une véritable révolution.
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Une exploitation pétrolière historique
L’exploitation du pétrole en Afrique, conduite dès les années 1930 par les grandes sociétés internationales a accompagné toute l’histoire du continent. Faible avant 1960, la production de pétrole a connu un premier bond pendant la décennie 1960-1970, assuré par le Gabon, le Nigeria, l’Algérie et la Libye, puis un deuxième à la fin du XXe siècle avec les importantes découvertes dans le golfe de Guinée et au large de l’Angola. Mais depuis 2015, la part du pétrole africain dans la production mondiale a baissé de 10 à 6,5 %.
Les perspectives sont incertaines. Selon l’agence internationale de l’énergie (AIE), la transition vers une économie de l'énergie propre s'accélère, avec un pic de la demande mondiale de pétrole en vue vers 2028 qui affectera les producteurs africains. Toujours selon l’AIE, l’Afrique a le plus à gagner de la transition vers des énergies propres. L’Afrique peut devenir un acteur majeur dans l’extraction et le traitement des minéraux critiques, essentiels pour construire les batteries, les technologies liées à l’ et les du futur. Selon les experts, le continent africain détient 30 % des réserves de minerais essentiels.
La nouvelle valorisation du gaz
L’une des évolutions marquantes est la valorisation du gaz issu des exploitations pétrolières, avec l’abandon de la pratique consistant à le brûler « à la torche ». Le phénomène est mondial puisque, selon la Banque mondiale, 150 milliards de m³ de gaz naturel sont gaspillés chaque année, dont 40 milliards pour le seul continent africain, ce qui correspond à la moitié de sa consommation d'énergie1. La du gaz (GNL) a permis de trouver des débouchés nouveaux.
L’essor du GNL africain – déjà très développé au Nigeria et en Algérie – devrait connaître à terme un nouvel élan sur les côtes orientales du continent, avec les découvertes de gisements importants au Mozambique et en Tanzanie.
Les retards de l’hydroélectricité
Malgré la de ses fleuves, l’Afrique n’utilise que 5 % environ de son potentiel hydroélectrique. Ainsi par exemple, en Égypte, le haut barrage d’Assouan construit à la fin des années 1960, n’est plus aujourd’hui qu’au 49e rang des grands barrages au niveau mondial, lesquels se situent principalement en Chine et dans les Amériques.
Des projets très ambitieux sont en cours qui pourraient replacer l’Afrique en tête du peloton mondial, mais ils se heurtent aux difficultés inhérentes à ce secteur : le coût élevé du financement, la durée et les difficultés des travaux dans des zones sous-équipées, la nécessité de mettre d’accord les différents États dans la mesure où ce type d’ouvrages concerne généralement de vastes bassins.
Deux projets émergent :
- Le « Grand Inga », sur le fleuve Congo, en RDC (Congo-Kinshasa). Les chutes d’Inga constituent un potentiel considérable estimé jusqu’à 40 000 MW, presque le double du plus grand barrage chinois des Trois-Gorges. Il pourrait approvisionner une grande partie de l’Afrique en , mais il faut procéder par étapes. Après deux installations dans les années 1970 et 1980 (Inga 1 et Inga 2), un projet Inga 3 avance très lentement. La RDC vient de relancer le projet Grand Inga en juillet 2023 avec le soutien de l’Afrique du Sud, qui a de gros besoins énergétiques et veut réduire sa dépendance au charbon.
- Le « Barrage de la Renaissance », autrefois baptisé « barrage du Millénaire » sur le Nil bleu, en Ethiopie. Depuis des années, il suscite des tensions avec les pays en aval (Soudan et Égypte), qui craignent une diminution des débits d'eau du Nil. Les travaux ont commencé en 2013 et deux turbines seulement ont été mises en service en 2022. De nouvelles négociations se sont engagées en août 2023 pour terminer ce projet qui pourrait devenir l’un des plus grands du monde.
Les parcs solaires et éoliens
De nombreux pays africains commencent à parier sur le solaire (parc de Ouarzazate au Maroc, de Zagtoudi au Burkina Faso, de Nzema au Ghana) ou l’éolien (parc du lac Turkana au Kenya ou de Shegold en Éthiopie).
Le solaire offre notamment de grandes perspectives grâce à son utilisation délocalisée.