Les carburants de l’aviation et de la marine
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Le secteur de l’aviation représente 7,8 % de la consommation finale de pétrole dans le monde et celui de la navigation en absorbe 6,7 %. C’est la part de l’aviation qui croît la plus vite, puisque jusqu’au début des années 1980 elle était inférieure à celle de la navigation. Ce sont des chiffres loin de ceux du transport routier (véhicules légers et fret) qui atteignent 49,3 % de la consommation finale mondiale1.
© - Les avions de dernière génération consomment en kérosène 70 % de moins que ceux des années 1960.
Les types de carburants pour l’aviation
Le kérosène
Le kérosène est un produit dérivé du du . Appelé dans le secteur de l’aviation Jet A-1, il est destiné aux avions à réaction (jets), aux gros appareils à hélices (avec turbopropulseur) et à certains hélicoptères. Plus léger que le mais plus lourd que l’essence, le kérosène a la particularité d’être résistant au froid des hautes altitudes (point de congélation à −47 °C pour le Jet A-1).
L’essence aviation
L’AVGAS (aviation gasoline) est un de couleur bleue utilisé pour l’aviation légère.
En 2016, 300 millions de tonnes de Jet A-1 ont été livrées dans le monde, contre 1 million seulement pour l’AVGAS. Depuis 2010, les biocarburants peuvent être utilisés en mélange avec les carburants fossiles, mais dans des proportions très contrôlées, et en moyenne extrêmement faibles.
Les types de carburants pour la marine
- Le « fuel soute2 », essentiellement constitué de fuels lourds, est un produit raffiné, utilisé par les grands navires de commerce (tankers, conteneurs, ferries, vraquiers, …).
- Le pêche (GOP) est un gazole de qualité supérieure, destiné comme son nom l’indique aux bateaux des professionnels de la pêche.
- Le « diesel marine léger » (DML) est un gazole de référence internationale pour les bateaux de plaisance.
- L’essence bleue SP98 est une essence sans plomb destinée aux bateaux équipés de motorisation à essence.
Une consommation en hausse
La mondialisation et l’ouverture des pays asiatiques, notamment de la Chine, ont considérablement augmenté les mouvements par air et par mer3. Soutenu par la baisse des tarifs (vols low cost), le nombre de passagers aériens transportés a dépassé la barre des 4 milliards en 2017 (3 milliards en 2013) et pourrait atteindre 6,7 milliards en 2032.
La marine marchande assure 90 % du commerce mondial, avec un tonnage transporté qui croît de 4 % par an. Environ 90 000 navires de toutes tailles sillonnent les mers.
Résultat : transport maritime et transport aérien représentent aujourd’hui chacun entre 2 % et 3 % des émissions de gaz à 4. En outre, le fioul utilisé par les navires est générateur de davantage de soufre et de particules polluantes que les carburants routiers.
Il est difficile de prévoir l’évolution des trafics à long terme. Les remises en cause de la mondialisation, la disponibilité des carburants, les contraintes de construction de nouvelles infrastructures, comme les aéroports, font que la progression ne peut être illimitée. Plusieurs facteurs permettent aussi d’envisager un net freinage des consommations de carburants5.
Les solutions pour réduire la consommation
Dans l’aviation
L’allègement du poids des avions et l’amélioration des performances de moteurs sont les leviers les plus efficaces pour réduire la consommation. Les avions de dernière génération consomment 70 % de moins que ceux des années 1960. Il est possible aussi de mieux gérer les vols pour réduire les attentes avant atterrissage et d’assurer le roulage au sol (taxiing) avec des moteurs électriques. Il serait ainsi possible de réduire de moitié la hausse prévue de la consommation d’ici 2040.
Les sociétés pétrolières ont également développé des biokérosènes, issus de la transformation de la
, qui sont incorporables pour environ 10 % aux kérosènes fossiles sans adaptation des moteurs. Depuis 2011, quelques milliers de vols commerciaux ont été effectués avec incorporation de ces biocarburants mais, en termes de volumes, ceux-ci ne sont pas susceptibles de constituer une réelle alternative dans les décennies à venir.
Dans la marine
L’amélioration des moteurs de propulsion, une vitesse moindre, un meilleur contrôle des paramètres de navigation, la connexion électrique des navires à quai pour éviter qu’ils utilisent le fuel pour leurs services à bord : autant de mesures qui peuvent réduire d’environ 60 % les augmentations dues à la croissance du trafic.
Les États imposent déjà des réglementations visant à remplacer les fuels lourds par des carburants émettant moins de composés soufrés, comme le diesel, et donc à modifier les motorisations ; cela se fait d’abord dans les ports et les détroits très fréquentés et proches des zones habitées.
Une autre piste essentielle est le passage au , qui pourrait ajouter 20 % à ces perspectives de réduction. La difficulté est d’organiser mondialement une chaîne logistique d’approvisionnement en GNL. Le navire peut bien sûr faire le plein dans un port . Il peut aussi être approvisionné en mer par un tanker ou dans un port classique par des camions citernes.
En 2017, une soixantaine seulement de navires naviguaient au gaz. Mais les perspectives de croissance sont importantes, notamment pour les 300 porte-conteneurs géants dont le nombre est appelé à croître. Ceux-ci étant très consommateurs de fuel et très pollueurs, un passage au GNL constituerait un avantage certain.
Plus anecdotique, le recours à la voile, comme appoint au moteur à fuel, est également testé.
Plusieurs pays et de nombreuses organisation environnementales réclament par ailleurs la fin de l'exonération fiscale dont bénéficient le secteur aérien pour le kérosène et le secteur maritime pour le fuel. Cette disposition se heurte, en tout cas pour les liaisons internationales, au fait que ces exonérations relèvent de conventions internationales adoptées après la seconde guerre mondiale pour relancer l’activité commerciale.
- Pour rappel, les autres utilisations du pétrole sont la , l’habitat, l’industrie, la production d‘ .
- On utilise aussi en français l’orthographe « fioul »
- De nombreux portails donnent des images spectaculaires de ces mouvements en temps réel. Par exemple pour les bateaux : Marinetraffic et pour les avions Flightaware
- L’Organisation internationale de l’aviation civile a publié à ce sujet un calculateur pour évaluer chaque voyage aérien. Voir ici
- Voir l’étude du groupe Total