Du CO2 dans nos assiettes
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L’alimentation est une préoccupation universelle. Dans beaucoup de pays pauvres, il s’agit d’atteindre le minimum vital. Dans les pays développés, il s’agit souvent de la rendre plus saine, moins riche en calories pour lutter contre l’obésité ou les maladies cardio-vasculaires. En outre, le contenu de l’assiette en (CO2) est devenu une préoccupation majeure car la production et la distribution des aliments sont des facteurs importants des émissions de gaz à et donc du .
© Thinkstock - Les aliments (végétaux, carnés ou fortement transformés) ont des impacts différents sur les émissions de CO2.
De la fourche à la fourchette
Le calcul de la part de dans l’assiette d’un consommateur est difficile à établir tant les opérations qui conduisent « du champ à l’assiette » (on dit aussi « de la fourche à la fourchette » !) sont multiples.
Il y a bien sûr les émissions liées à l’agriculture et à l’élevage : exploitation des sols, fabrication des engrais, des aliments pour bétail, etc. Mais il faut ajouter celles qui relèvent de la transformation des produits (de plus en plus poussée), de leur emballage (de plus en plus sophistiqué), de leur transport, de leur distribution, et de nos propres habitudes de consommation, avec au premier rang un terrible gaspillage.
En France, selon l’ADEME (Agence de la transition écologique), l’agriculture au sens large représente 19 % des émissions de GES du pays. Mais au total on estime que le quart des émissions (25%) provient de nos assiettes. C’est autant que le logement ou le transport.
L’analyse de cycle de vie
Cette approche globale repose sur ce qu’on appelle l’ , qui est valable d’ailleurs pour de nombreux autres secteurs, comme l’habitat ou l’automobile.
Le calcul est soumis à de multiples incertitudes :
- une aubergine venant de Hollande en hiver sera forcément issue de serres chauffées. Elle pourra avoir un bilan carbone plus lourd qu’une aubergine venue par camion de Sicile ou du Maroc ;
- un sucre peut venir d’une zone de déforestation, auquel cas il faudra au moins doubler l’estimation de ses émissions ;
- en hiver, les fraises venues par avion d’Amérique du sud seront lourdement émettrices. Mieux vaut attendre la bonne saison.
Attention aux coûts cachés
Les circuits courts, c’est-à-dire des ventes avec un seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur, sont généralement plus économes. Mais attention : il faut veiller à ne pas multiplier les petits marchés et les navettes de camionnettes. Une grande surface pourra réduire la consommation de en faisant venir des quantités massives, transportées avec des véhicules de grande capacité.
Pour être précis, il faut aussi étudier les émissions provoquées par le consommateur lui-même. Elles varient selon le nombre de kilomètres parcourus en voiture pour arriver au magasin ou au supermarché, selon les types de réfrigérateurs ou congélateurs utilisés, selon l’achat de gros volumes en vrac ou de petites portions emballées une par une. Il y a des chiffres étonnants : faire bouillir une grande casserole d’eau pour cuire une poignée de spaghettis émet plus de CO2 qu’il n’y en a eu pour produire la farine, fabriquer les pâtes, les emballer et les transporter…
Le grave problème du gaspillage
L’aspect le plus négatif est le gaspillage. Un tiers des aliments destinés à la consommation humaine est gaspillé dans le monde, alors même qu’un milliard de personnes souffrent de faim ou de malnutrition. En France, 10 millions de tonnes d'aliments sont gaspillées par an, soit 150 kg par personne.
Ce gaspillage intervient à toutes les étapes : le rejet à la mer de poissons non désirés, le refus de fruits ou légumes trop petits ou « moches », les ruptures de chaînes du froid, les dates de péremption trop serrées, etc…
Voulez-vous calculer le CO2 de votre assiette ?
De nombreux organismes mettent à la disposition du grand public des « calculateurs ». En France, l’ADEME travaille avec le système appelé agribalyse1.
Plusieurs conclusions peuvent être tirées :
- Les viandes, avec leurs longues chaînes de production et de traitement, sont les plus émettrices, avec une « hiérarchie » : le veau devance le bœuf, suivi par le mouton et le porc, puis les volailles. Selon les estimations, 1 repas avec du bœuf = 3,5 repas avec du poisson blanc = 4,5 repas avec du poulet = 14 repas végétariens2.
- Le lait provoque de faibles émissions, qui augmentent vite au fur et à mesure des transformations (yaourts, beurre, fromages à pâte crue, pâtes cuites).
- Les plats cuisinés et congelés supposent des opérations nombreuses par rapport aux produits bruts.
A vous de voir ce qu’il faut faire…
Les différences vont très vite. Dans une infographie pleine de conseils3, l’ADEME a comparé deux menus :
- 1 litre d’eau du robinet, 1 cuisse de poulet, 200 g de haricots verts frais, 1/4 d’ananas frais de Côte d’Ivoire (par bateau) représente 0,6 kg d’émissions de CO2.
- 1 litre d’eau minérale, 150 g de bœuf, 200 g de haricots verts surgelés, 1/4 d’ananas frais de Côte d’Ivoire (par avion) représente 5,6 kg de CO2.
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1. Voir le site ADEME/Agribalyse : https://agribalyse.ademe.fr/
2. Source ImpactCO2 : https://impactco2.fr/repas
