Le Costa Rica, pays de l’électricité renouvelable
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Le Costa Rica est l’un des pays du monde les plus volontaristes dans l’action contre le 1. Il a réussi à produire une renouvelable à près de 100 %, même si le pays reste très dépendant du pétrole pour ses transports et de la pour le chauffage domestique.
© SHUTTERSTOCK - Le Costa Rica mise sur les énergies renouvelables : hydraulique, éolien, solaire, géothermie (ici une vue du volcan Poas, 2 700 m d'altitude).
Considéré par le Fonds monétaire international (FMI) comme une « économie émergente », ce petit pays d’Amérique centrale a un produit intérieur brut (PIB) par habitant équivalent à celui du Brésil et un taux de pauvreté (22 %) inférieur à la moyenne latino-américaine. Son économie s’appuie sur le tourisme, l’exportation de fleurs et de fruits, et sur une politique active de zones franches accueillant des entreprises multinationales de haute technologie.
Un État très présent dans la transition énergétique
L’État mène depuis 1949 une action publique volontariste. Le pays a alors fait le choix original de ne pas avoir d’armée et a consacré les budgets ainsi épargnés à développer l’électrification du pays, notamment par l’hydraulique, et l’équipement des zones rurales. Le secteur électrique a été nationalisé et aujourd’hui encore les entreprises privées ne figurent que pour un tiers dans l’ensemble des activités énergétiques. Mais en même temps le pays a une attitude très ouverte aux investissements directs étrangers.
Mince bande comprise entre les océans Atlantique et Pacifique, donc sensible aux phénomènes climatiques extrêmes, le Costa Rica s’est très tôt engagé dans l’action climatique, même s’il ne peut pas être, compte tenu de ses caractéristiques, un modèle reproductible par les grands pays de la Planète.
Le Costa Rica compte moins de 5 millions d’habitants, sur un territoire dix fois plus petit que la France métropolitaine. Il n’a pas d’industries majeures, ce qui limite ses besoins en énergie. Le pays réunit en outre un ensemble de conditions naturelles exceptionnelles : des forêts étendues qui assurent une haute capacité d’absorption du carbone, une activité volcanique qui nourrit la , une abondance en eau qui lui garantit un fort potentiel hydroélectrique en dehors des épisodes ponctuels de sécheresse.
Sa première action a été de freiner la déforestation accélérée provoquée par les éleveurs de bétail. Sa part de forêts de 63 % en 1960 était tombée à 21 % en 1987. Une gestion forestière active2 a fait remonter ce taux à 50 %. Le Costa Rica a été un des pionniers des mécanismes dits de « compensation carbone », mis en place par l’Organisation des Nations unies (ONU), qui permettent à des émetteurs de gaz à d’acheter des certificats garantissant ailleurs une réduction d’émissions. Dès 1996, le Costa Rica avait vendu à des énergéticiens norvégiens pour 200 000 tonnes de réductions d’émissions assurées par des opérations de reboisement.
Un mix électrique à près de 100 % de renouvelables
Le pays s’est ensuite lancé dans un développement coordonné des (ENR), en s’appuyant sur ses trois ressources principales : l’eau, la de la Terre et le vent. Aujourd’hui, sa production électrique est assurée à près de 100 % (98 % en 2016) par les ENR. Les proportions varient selon les conditions climatiques (vents, pluies), avec une forte dominance de l’hydraulique3. Au 1er trimestre 2017, l’hydroélectricité a représenté 69,3 % de la production, l’éolien 16,2 %, la géothermie 11,2 %. Loin derrière, mais en développement, viennent la (2,2 %) et le solaire (0,16 %).
L’hydraulique – Le Costa Rica a inauguré en 2016 l’usine hydroélectrique de Reventazón (300 MW), la plus puissante d’Amérique centrale. Un autre grand projet, à l’horizon 2025, est celui de la centrale d’El Diquis, avec une de 650 MW. Mais les autorités doivent convaincre les populations indiennes de la région.
La géothermie – Facilitée par un réseau très dense de volcans, la géothermie économiquement exploitable a un potentiel futur estimé à environ 1 000 MW. Une demi-douzaine d’usines électriques existent, notamment celle sur les pentes du volcan de Miravalles. La chaleur y est captée par 25 puits à plus de 1 600 mètres de profondeur et assure à la centrale une capacité de plus de 160 MW. La compagnie nationale électrique (ICE) a un autre projet sur le volcan Rincón de la Vieja.
L’éolien – Les parcs éoliens sont localisés dans la partie montagneuse du pays, où les crêtes dépassent 2 000 mètres. Le solaire est en croissance mais ne constitue encore qu’une très petite part de la production électrique.
Le poids du pétrole
L’usage de l’électricité a triplé dans les 15 dernières années mais la consommation par habitant était en 2014 encore inférieure de 9 % à celle de l'Amérique latine4. L’électricité représente moins d’un quart de l'énergie finale consommée. Celle-ci dépend à 60 % des produits pétroliers, essentiellement pour le transport, et de 17,1 % de la biomasse, utilisée pour le chauffage domestique.
Le secteur des transports est responsable des deux tiers de la consommation d'hydrocarbures et de 54 % des émissions de CO2. Le parc automobile (1,4 million de véhicules) est vieillissant, donc avec des performances d’émissions médiocres. Les véhicules électriques sont absents et les transports publics peu développés. L’un des projets majeurs du gouvernement est de construire dans l’agglomération de San José un train léger urbain électrique. Mais le financement est difficile.
Le Costa Rica avait envisagé de devenir « neutre en carbone », avec des émissions nettes égales à zéro dès 2021. Mais il a repoussé cet objectif à 2085. En tout cas, son volontarisme en matière de climat et de (le quart de son territoire est déclaré zone protégée) est déjà utilisé pour bâtir une image de « paradis touristique ». Le tourisme – et notamment l’« éco-tourisme » – est la première source de revenus du pays.
Sources :
- Climate Action Tracker (en anglais uniquement)
- REDD (en anglais uniquement)
- AIE (en anglais uniquement)
- Banque mondiale