Les défis de la ville du futur
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Selon l’ONU1, 68 % de la population mondiale vivra en zone urbaine d’ici 2050. Nous étions 2 % au début du XIXe siècle, 30 % en 1950, 55 % en 2018. Dans ces conditions, comment organiser la cité afin qu’elle reste agréable à vivre, non polluée et peu émettrice de gaz à pour ne pas aggraver le ?
© Thinkstock - Près de la moitié de la croissance urbaine se fait dans les bidonvilles, posant des problèmes aigus. Ici, une favela à Rio.
Les chiffres spectaculaires de l’urbanisation
Le développement industriel s’accompagne toujours d’un mouvement d’exode rural. Dans les pays développés, il a connu un pic à la moitié du XIXe siècle. Il a été très fort en Chine au tournant de l’an 2000. Il est aujourd’hui très élevé chez les deux autres géants démographiques que sont l’Inde et le Nigeria.
Cette urbanisation augmente le nombre des mégapoles au-dessus de 10 millions d’habitants : l’ONU en prévoit 43 en 2050. La plus grande ville du monde, Tokyo, avec ses quelque 37 millions d’habitants en 2020, devrait être dépassée dès 2028 par New Delhi, la capitale de l’Inde. La compétition sera forte pour les villes suivantes, qui tournent aujourd’hui entre 20 et 25 millions, comme Shanghai, Mexico, Bombay, Sao Paolo, Osaka, Dacca, Le Caire ou Pékin. Mais l’exode rural accélère aussi la croissance des villes entre 100 000 et 500 000 habitants. Elles rassemblent aujourd’hui plus de la moitié de la population urbaine mondiale. En outre, il est souvent difficile de faire la différence entre la ville, les périphéries et les communautés de villages de plus en plus interdépendants. Bref, tout le monde est concerné…
Les impératifs du développement durable
Qu’elles soient grandes ou petites, les villes doivent garantir les trois piliers (économique, social et environnemental) du . Cela implique plusieurs impératifs :
- bien gérer les flux de transports, pour assurer à la fois les trajets domicile-travail et les loisirs des habitants, l’approvisionnement en nourriture et en équipements, la liaison des villes avec l’extérieur dans un monde de plus en plus interconnecté,
- réduire la pollution industrielle et automobile pour une bonne qualité de l’air, économiser les ressources en eau, réduire et recycler les déchets produits ;
- maîtriser la consommation énergétique pour faire baisser les émissions de gaz à effet de serre néfastes pour le climat. Cela passe notamment par des bâtiments à basse consommation (BBC), voire à énergie positive (BEPOS) qui produisent plus qu’ils ne consomment.
Ecoquartiers et démocratie participative
Outre les plans d’urbanisme à grande échelle, l’organisation à un niveau très local est essentielle pour satisfaire à ces impératifs et rendre la vie des habitants la plus agréable possible. On parle alors d’écoquartiers (éco = écologique).
Il s’agit de raccourcir les circuits locaux de distribution et de recyclage, d’intégrer espaces verts et terrains sportifs, d’assurer des mobilités douces (pistes cyclables notamment). Les villes ont commencé à échanger leurs expériences (avec la création de labels) et à développer la participation des citoyens. Celle-ci implique que les habitants soient non seulement consultés mais aussi incités à faire des propositions concrètes reprises par les municipalités. C’est ce qu’on appelle la démocratie participative.
Densification, espaces verts et fermes verticales
Après des années d’aspiration à la maison individuelle, la densification des villes est prônée par nombre d’urbanistes pour éviter un étalement des zones pavillonnaires au détriment des campagnes. Dans le même temps, ils prévoient de réintroduire des végétaux sur les friches industrielles ou autour des immeubles (les « coulées vertes ») pour augmenter la capacité des zones urbaines à capter le CO2 et à réduire les îlots de urbaine.
L’agriculture urbaine fait son apparition en ville. Il peut s’agir de jardins partagés entre les habitants d’un quartier pour renforcer les liens sociaux. Les cultures sur les terrasses des immeubles, avec 30 cm de terre, se développent. Et des fermes verticales, avec culture sur étagères grâce à des liquides nutritifs, font leur apparition. Elles font une large place à la technologie pour améliorer les rendements.
Les nouvelles mobilités
De la notion de « transports urbains », on est passé au concept de « mobilité », qui traduit la diversification des moyens de déplacements, leur interconnexion (ou intermodalité), la variété des usages et des comportements sociaux (développement du temps libre et des loisirs).
Les moyens de déplacement se multiplient : tramways légers automatiques, téléphériques, véhicules autonomes sur des trajets fixes, réapparition des triporteurs de livraison, des vélos et des trottinettes ou hoverboards. Les usages se diversifient : l’autopartage, le covoiturage, la location en libre-service de flottes de voitures ou de vélos, le transport « à la demande » avec réservation par applications mobiles.
Le « big data » urbain
Les données numériques sont aujourd’hui partout dans la gestion urbaine. La maîtrise de l’énergie au sein des immeubles ou des écoquartiers suppose une meilleure connaissance à la fois des flux de production et des phases de consommation. On parle de « ville intelligente » (smart city).
Les données collectées par des capteurs et les systèmes de géolocalisation permettent de mieux gérer la circulation automobile. Le besoin de sécurité dans les villes multiplie les enregistrements de vidéos. Les services publics et l’administration municipale se numérisent à tous les niveaux.
Ce « big data » impose de nouvelles régulations pour assurer à la fois des gestions efficaces et le respect de la liberté individuelle des citoyens.
Sources :
(1) ONU (en anglais uniquement)