Habitat : le rôle décisif de l’usager
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L’amélioration de l’ d’un bâtiment passe à la fois par des « méthodes passives », qui accroissent ses qualités intrinsèques, notamment au moment de sa conception et de sa construction, et par des « méthodes actives », qui sont du ressort de l’usager lui-même grâce à sa gestion de la consommation. Les méthodes passives prennent du temps, nécessitent une approche globale et sont très coûteuses. Les méthodes actives sont moins onéreuses, voire sans coûts, et permettent des gains immédiats.
© THINKSTOCK - Le comportement de l'usager est essentiel pour gérer les flux d'électricité et de chaleur dans une maison
L’usager au centre des « méthodes actives »
L’originalité des méthodes actives est d’impliquer de façon directe l’occupant du bâtiment1. Cette participation de l’usager peut s’exercer dans trois domaines :
- La mesure de la consommation. Progressivement mis en place dans de nombreux pays, les compteurs « intelligents » d’ et de gaz permettent d’identifier avec précision les différents postes de consommation (chauffage, eau chaude sanitaire, climatisation, éclairage, équipements, etc). Ils permettent aux fournisseurs d’électricité de mieux adapter leurs offres et faciliteront la gestion des nouveaux usages, comme l’intégration de l’électricité produite localement par des panneaux solaires ou la recharge d’une voiture électrique. En France, il s’agit des compteurs Linky pour l’électricité et Gazpar pour le gaz.
- La régulation et la programmation. En matière de chauffage, la régulation permet de maintenir la température ambiante à une valeur choisie. La programmation permet de piloter le chauffage via des capteurs et des tablettes de contrôle de plus en plus sophistiquées.
- Le comportement individuel. Accepter un degré de moins dans les pièces en hiver et un degré de plus en été réduit la consommation de 5 à 10 %, selon les chiffres de l’ADEME. Le choix des équipements pèse également très lourd. Une étude européenne indique que la consommation des réfrigérateurs a baissé de 25 % entre 2005 et 2015. A condition de ne pas profiter des améliorations techniques pour acheter un réfrigérateur deux fois plus grand ! Les lampes, notamment les LED, ont également permis de réduire considérablement la consommation par rapport aux lampes à incandescence.
La rénovation et les normes de construction : les méthodes dites passives
L’amélioration des qualités intrinsèques du parc immobilier passe par l’édiction de règles pour les nouvelles constructions et la rénovation thermique de l’existant. En France, elles sont contenues dans des « réglementations thermiques » (RT) révisées périodiquement depuis 1974.
Quelques axes généraux sont aujourd’hui privilégiés :
- La bonne orientation du bâtiment par rapport au soleil, une maîtrise de la pénétration du rayonnement solaire ont des effets positifs. En dehors des brise-soleil adaptables aux façades, les industriels travaillent sur des vitrages électro-chromes qui adaptent leur teinte selon l’ensoleillement et la température extérieure.
- Le couple aération-ventilation est essentiel. Une ventilation performante évite l’humidité et assure l’hygiène. Celle-ci doit être une ventilation mécanique contrôlée (VMC) à double flux : elle récupère la de l’air vicié extrait de la maison et l’utilise pour réchauffer l’air venant de l’extérieur.
- Le troisième axe est celui de l’isolation thermique, indispensable à assurer avant le choix d’un chauffage plus performant2. Dans les immeubles neufs, il faut prévoir le traitement des « ponts thermiques », qui provoquent des fuites de chaleur aux jonctions plancher-mur ou toit-mur. L’isolation thermique par l’extérieur, c’est-à-dire la mise en place d’un manteau isolant de devant des points sensibles, une sorte de « seconde peau », a une très grande efficacité. L’isolation repose aussi sur la conception de matériaux plus performants, avec des porosités très petites qui empêchent le mouvement des molécules. Des matériaux à changement de phase sont aussi capables de stocker la chaleur le jour, en passant de l’état solide à l’état liquide puis de la restituer le soir en retournant à l’état solide.
A terme, l’objectif est d’aller vers des bâtiments neufs à « énergie positive » (BEPOS). Cela signifie qu'ils devront produire plus d'énergie qu'ils n'en consommeront. L’énergie produite peut l’être notamment grâce à l’installation de panneaux solaires, de pompes à chaleur, de poêles à bois ou de ballons thermodynamiques.
Avec la RT 2020, les bâtiments neufs devront être à énergie positive (BEPOS). Cela signifie qu'ils devront produire plus d'énergie qu'ils n'en consommeront. L’énergie produite peut l’être notamment grâce à l’installation de panneaux solaires, de pompes à chaleur, de poêles à bois ou de ballons thermodynamiques.