La sobriété au secours de la planète
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Les appels à une consommation raisonnée se multiplient. Mais pourquoi être « sobre » a une telle influence sur le climat, le , l’environnement, bref sur l’avenir de notre planète ? Voici quelques explications et quelques actions utiles à entreprendre.
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Le GIEC[1], qui rassemble des scientifiques du monde entier pour étudier l’évolution du climat de la planète, a donné en avril 2023 une définition de la sobriété : « toutes les mesures qui permettent d'éliminer l'utilisation d'énergie, de matériaux, de terres et d'eau tout en garantissant le bien-être de tous dans le cadre des limites planétaires ».
Trois grandes idées à retenir
Ces quelques lignes du GIEC en disent beaucoup :
- La planète a des ressources limitées. Il est impossible de lui demander toujours plus pour assurer une croissance économique sans frein. Chaque année, on calcule le « jour du dépassement de la Terre ». Il correspond à la date à partir de laquelle l'humanité a consommé toutes les ressources naturelles que la planète est capable de produire en un an.
- Il faut garantir le bien-être de tous. La transition ne doit donc pas être punitive, surtout à l’égard des populations les plus pauvres qui connaissent déjà une « sobriété forcée et subie ». Cela implique plus de « justice » envers les pays les plus pauvres et les catégories sociales défavorisées.
- Toutes les ressources sont concernées : l’énergie, mais aussi les matériaux (comme les matières premières), les terres (attention à la déforestation et à la bétonisation), l’eau (nécessaire à la vie). Si l’on considère le seul secteur de l’énergie, on parlera de « sobriété énergétique ».
Cette « sobriété » est notamment indispensable pour atteindre le « » des émissions de gaz à d’ici 2050. Cet objectif est jugé nécessaire pour limiter à 1,5 °C le , c’est-à-dire l’augmentation de la température moyenne de la planète par rapport au début de l’ère industrielle, au XIXe siècle.
Les renouvelables et la technologie ne suffiront plus
Pour atteindre cet objectif, il faut améliorer la production, c’est-à-dire l’offre des solutions énergétiques :
- Éliminer progressivement les énergies fossiles pour passer à des (hydraulique, éolien, solaire, , ) ou décarbonées (comme le nucléaire).
- Améliorer l’ pour utiliser moins d’énergie dans la fabrication et l’usage des produits (des moteurs avec un meilleur rendement par exemple).
Mais les experts sont de plus en plus convaincus que cela ne suffit pas et que l’on doit en même temps réduire la consommation, c’est à dire la demande des consommateurs. La sobriété apparaît ainsi comme le troisième pilier de la , avec le passage aux énergies décarbonées et l’efficacité énergétique.
Quelles actions entreprendre ?
Alors que faire ? Agir tout seul ? Oui, mais aussi avec les autres, camarades de classe, voisins d’immeubles, habitants de la même ville ou village. Les éco-délégués mis en place dans les collèges et lycées français peuvent aussi jouer un rôle d’animation important avec vous. C’est donc une démarche à la fois individuelle et collective !
Sinon le GIEC et d’autres experts ont commencé à répertorier systématiquement les secteurs et les démarches les plus efficaces :
Les transports
Il s’agit dans ce secteur d’éviter des usages très consommateurs d’énergie. Par exemple moins prendre l’avion quand le train est disponible et éviter les week-ends lointains. Et surtout utiliser au maximum les mobilités douces (vélos, trottinette, marche à pied) plutôt que compter sur la voiture des parents.
L’alimentation
Il est établi que l’élevage, notamment de bovins, contribue largement aux émissions de gaz à effet de serre. Changer son régime alimentaire en augmentant la part des légumes et fruits, donc des végétaux par rapport aux protéines animales, va être de plus en plus nécessaire. Beaucoup d’écoles ont commencé à introduire un repas végétarien par semaine. Une autre action importante est de réduire le gaspillage des aliments. Beaucoup d’écoliers ont appris à fabriquer du compost… Il faut penser aussi à délaisser les emballages inutiles et préférer le « vrac ».
L’habitat et la consommation
On connaît tous les recommandations d’éteindre la lumière, de baisser le chauffage ou d’économiser l’eau. Trop facile ! Plus généralement, il faudrait consommer moins d’énergie, moins de matières premières, moins de produits manufacturés (fabriqués en usine). Cela concerne toutes nos habitudes : ne pas tomber dans le piège des collections de vêtements changées tous les trois mois (la « fast fashion »), des appareils portables qui viennent de sortir, des jeux vidéo en ligne qui surconsomment de l’énergie. Il vaut mieux aussi, en cas de panne d’un appareil, réparer plutôt que d’en acheter un neuf. De même, un vêtement déchiré peut souvent se recoudre.
Sobriété ou décroissance ?
Cette sobriété peut évidemment être observée avec plus ou moins d’intensité. Très poussée, on parlera de frugalité. Si l’on remet en cause le principe même de la consommation comme un moteur de l’économie, on entre dans le domaine de la décroissance et de la réduction des PIB (le produit intérieur brut qui mesure les richesses produites par un pays). Il appartiendra aux nouvelles générations de déterminer ce niveau de remise en cause de la « société de consommation » établie dans les années 1950, après la seconde guerre mondiale.
L’indice de réparabilité© economie.gouv.fr
Un indice de réparabilité a été instauré en France en 2021 pour informer le consommateur sur le caractère plus ou moins réparable des produits qu’il achète. Cette initiative permet de lutter contre l'obsolescence programmée et de réduire les mises au rebut. Il concerne de plus en plus de produits électroniques et électroménagers (smartphones, ordinateurs portables, téléviseurs, lave-vaisselle, lave-linge, aspirateurs, etc.). Il va de 1 à 10 en prenant en compte plusieurs critères, comme la clarté de la documentation technique, la facilité de démontage du produit, la disponibilité des pièces détachées, le prix. |
Un site permet de connaître l’indice de réparabilité de son appareil : https://monindicedereparabilite.fr/home
Un annuaire des réparateurs a été mis en place par l’ADEME et la Chambre des Métiers et de l’Artisanat : www.reparacteurs.artisanat.fr/
[1] GIEC = Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (IPCC en anglais pour Intergovernmental panel on climate change).