Analyse du cycle de vie d'un téléphone portable

Publié le 09.11.2022

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La méthode d'ACV d'un produit en 8 images. Découvrez comment il est possible de réaliser le bilan environnemental d'un téléphone portable. Nous étudions son impact dès l'extraction du premier matériau constituant !

1. Qu’est-ce que l’ACV d’un téléphone ?

L’  est une méthode qui permet d’évaluer les impacts énergétiques et environnementaux d’un produit, depuis sa fabrication jusqu’à sa fin de vie, en passant par sa période d’utilisation. Voici celle d’un téléphone portable.

2. Un équipement à l’échelle du monde

Les téléphones portables connectés à internet, les smartphones, se sont imposés dans le monde entier, y compris dans les pays les moins développés. Depuis 2016, il s’en vend chaque année près de 1,5 milliard par an (contre 300 millions de ventes annuelles en 2010). En France, ces ventes ont été multipliées par 3 (de 6,8 millions en 2010 à plus de 20 millions en 2016). Le total des appareils connectés individuels utilisés dans le monde (téléphones, tablettes, GPS, montres, etc…) pourrait atteindre en 2025 plus de 25 milliards.

3. Étape 1 du cycle de vie : la fabrication

Un téléphone contient plus de 60 matériaux. Des matières plastiques et du verre, mais surtout des métaux : du cuivre, de l’aluminium, du chrome, du zinc, de l’étain et des métaux précieux comme l’or, l’argent, le platine. Et aussi des « terres rares » : tantale, europium, indium… La batterie comporte du cobalt et du lithium. L’extraction de ces métaux est très consommatrice d’énergie et polluante. Beaucoup des mines se trouvent en Chine avec des terres éventrées et contaminées sur des km² (photo). Il faut ensuite transporter ces matières premières, les traiter et les assembler. Cette phase concentre environ 80 % de la consommation d’énergie et des émissions de co² provoquées par la fabrication d’un téléphone. 

4. Étape 2 du cycle de vie : la distribution

Une fois produits, les téléphones portables doivent être transportés sur les lieux de consommation. Il faut donc prendre en compte les carburants des avions-cargos, des navires marchands, des camions puis des camionnettes. A cette phase de la distribution, s’ajoutent les impacts de la fabrication des emballages, avec là aussi toutes les étapes (matières premières, fabrication, transport). Mais l’impact de chaque téléphone reste négligeable compte tenu du poids des objets et du gigantisme des porte-conteneurs.

5. Étape 3 du cycle de vie  : l’utilisation

Recharger un portable consomme très peu d’ . Sur la base d’une recharge par jour, la consommation électrique annuelle est estimée entre 3,5 et 7 kWh. Au prix de l’électricité en France, cela représente moins d’un euro par an ! Mais il y a une consommation cachée, que l’utilisateur paye via ses abonnements et ses achats d’équipements : c’est la consommation des réseaux internet et des data centers qui traitent les données. Une heure de streaming vidéo sur un téléphone portable hors wifi peut consommer jusqu’ à 1 kWh . L’envoi de 100 mails avec pièces jointes consomme environ 2,5 kWh. Il faut y ajouter les jeux en live et les applications (en 2019, 204 milliards d'applications téléchargées dans le monde). Un téléphone très sollicité peut consommer indirectement autant qu’un réfrigérateur sur un an, autour de 300 kWh.

6. Cycle de vie du téléphone portable : l'impact global

Avec des milliards d’utilisateurs, les chiffres s’envolent. Les TIC (technologies de l’information et de la communication), donc au-delà des seuls téléphones portables, absorberaient entre 4 et 10 % de l’électricité consommée dans le monde (les experts ne sont pas tous d’accord sur le calcul). Grâce au progrès technologique, les téléphones, les réseaux et les datas centers sont de plus en plus efficaces. Mais s’ils sont moins gourmands quand on les utilise, les nouveaux téléphones ont un aggravé lorsqu’on les fabrique. Ils réclament plus de métaux rares, plus de complexité au montage. On perd d’un côté ce qu’on gagne de l’autre... D’où l’importance d’analyser tout le cycle de vie. 

7. Étape 4 du cycle de vie : la fin de vie

Le recyclage est particulièrement utile dans le cas des smartphones. Ils sont riches en matières précieuses qui peuvent être récupérées, avec plus ou moins de difficultés, pour la fabrication d’autres objets électroniques. Le plastique et le verre sont aussi valorisables. Mais la proportion d’appareils recyclés est faible (16 % en France). Après un usage qui dure en moyenne deux ans (ce qui est très peu), beaucoup d’appareils dorment dans les placards… Les autres entrent dans des filières « parallèles » souvent illégales où ils sont reconditionnés et revendus.

8. Suite à ACV, quel bilan écologique pour les téléphones portables?

C’est la phase de production (extraction des matériaux et assemblage) qui pèse le plus lourd dans le cycle. Selon les chiffres d’Apple, un iPhone 6 émet durant son cycle de vie l’équivalent de 95 kg de gaz à  : 11 % lors de l’utilisation, 85 % lors de la production, le reste en transport et recyclage. Il faudrait utiliser son portable pendant 4 ou 5 ans pour que la part de l’utilisation dépasse celle de la production. Ce n’est pas le cas. La durée moyenne d’usage tourne autour de deux ans.