50 ans de géopolitique du pétrole et du gaz

Actualisé le 18.11.2024

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Lycée
Histoire, géographie et géopolitique Sciences économiques et sociales

Les conflits du Moyen-Orient, les crises financières, la guerre en Ukraine… Découvrez les dates clés de la géopolitique du pétrole et du gaz depuis 1973.

40 ans de géopolitique du pétrole et du gaz
Le saviez-vous ?
Pétrole et gaz sont souvent des armes dans les conflits géopolitiques du monde.

1973 : Guerre du Kippour

La guerre du Kippour entre Israël et les pays arabes déclenche le premier «   », une expression forgée par les pays consommateurs. L’ déclare un boycott des « pays qui soutiennent Israël » : on parle alors de « l’arme du pétrole ». Les prix du brut sont multipliés par 4.

1974-1980 : La riposte des pays consommateurs

Après des mesures d’économies et de rationnement - situation inédite dans un monde occidental habitué à la croissance -, les pays consommateurs réagissent en développant d’autres énergies, comme le nucléaire. La crise a aussi pour effet la mise au point de technologies nouvelles qui, sans cela, auraient mis plus de temps à émerger : relance de champs matures aux États-Unis, exploitation   en mer du Nord, etc. Il y a alors une hausse mondiale de la production de pétrole en dehors de l’Opep.

1980 – 1981 : Révolution iranienne

Sous les effets conjugués de la révolution iranienne, du début de la guerre Iran - Irak et du redémarrage de la demande mondiale, le prix du pétrole est multiplié par deux entre 1978 et 1981. C’est le deuxième choc pétrolier, mais la demande réagit cette fois à la baisse et les technologies continuent de se développer, si bien que les cours redescendent dans les années suivantes. 

1986 : L’année noire de l’Opep

La production continue d’augmenter dans les pays hors-Opep et cette organisation se trouve à partir de 1985 devant une situation intenable. Après avoir baissé à de nombreuses reprises sa production pour tenter de stabiliser les prix qui s’effondrent, l’Arabie Saoudite change brusquement d’orientation : elle annonce en décembre 1985 qu’elle vendra son brut librement sur le marché, sans restriction, dans l’espoir de regagner des parts de marché perdues. Les prix s’effondrent jusqu’à une trentaine de dollars le . C’est le « contre-choc pétrolier ». Fin 1986, l’Arabie Saoudite met fin à cette offensive ratée et accepte que l’Opep rétablisse des quotas de production.

1980 – 1988 : La longue guerre Iran – Irak

Deux pays fondateurs de l’Opep mènent une guerre interminable, qui fera près d’un million de morts et causera des destructions énormes dans les installations pétrolières. Les causes en sont multiples, mais l’une d’elles est la volonté de l’Irak d’accroître son ouverture sur le Golfe pour faciliter ses exportations de pétrole. 

1990-1991 : L’invasion du Koweit par l’Irak

Le prix du pétrole est l’une des causes fondamentales de la première guerre du Golfe, déclenchée par l’Irak à peine sorti de son conflit sanglant avec l’Iran. Menacé directement par le Koweit d’une nouvelle pression à la baisse sur les prix du pétrole, l’Irak envahit l’émirat. Une coalition internationale oblige les armées irakiennes à se retirer. Si le régime reste en place, des sanctions très sévères sont prises contre l’Irak : c’est le programme « pétrole contre nourriture » qui durera jusqu’à la deuxième guerre du Golfe de 2003.

Années 1990 : L’essor du GNL

Le gaz naturel liquéfié (GNL)s’impose comme une composante essentielle des marchés énergétiques. Echappant aux contraintes des lignes fixes terrestres, car transportable par  , il instaure un nouveau marché spot du gaz, à côté des contrats de long terme entre deux pays. A partir de 2022, le transport de GNL par méthanier dépasse celui par .

1998 : La crise financière en Asie

Personne, y compris l’Opep, ne voit venir la crise financière en Asie. Ayant augmenté sa production en 1997, l’Opep est touchée de plein fouet par la crise et les prix tombent à leur plus bas historique, à moins de 20 dollars le baril.

2003 : La deuxième guerre du Golfe

Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis interviennent en Afghanistan puis accusent le régime de Bagdad de soutenir les terroristes d’Al-Qaïda et de détenir des armes de destruction massive. À la tête d’une coalition internationale moins large qu’en 1990, les États-Unis occupent l’Irak et détruisent massivement ses infrastructures (ponts, stations d’épuration d’eau, centrales électriques…). La production irakienne d’hydrocarbures devient proche de zéro. Malgré la guerre, les prix du pétrole ne s’emballent pas grâce à l’intervention de l’Opep.

2007 : La « révolution » du gaz de schiste

L'exploitation à grande échelle des hydrocarbures de schiste démarre aux États-Unis lorsque le prix des hydrocarbures conventionnels s'est rétabli durablement. C’est le début de la « révolution du gaz de schiste ». 

2007 - 2008 : Une spirale de hausses de prix

Des grèves au Venezuela, des arrêts de production au Nigeria, et d’autres événements localisés provoquent une baisse de la production mondiale. Inversement, la demande s’envole en raison notamment du décollage de la Chine et d’autres pays émergents. La spirale de hausses des prix est impressionnante : le cours du   passe de 96 dollars en janvier 2008 à 144 dollars le baril en juillet de la même année. 

2008 : La bulle immobilière éclate aux États-Unis

L’effondrement du système bancaire américain s’étend au reste du monde, déclenchant une crise économique sans précédent depuis celle de 1929. La demande mondiale de pétrole se contracte pour la première fois depuis 1982 - 1983. Ce mouvement intervient alors que l’Opep venait d’augmenter sa production. Résultat : le prix du baril retombe à 35 dollars. 

2009 – 2014 : Les « printemps arabes »

Les menaces de l’Iran de bloquer le détroit d'Ormuz, une voie de transit stratégique pour les pétroliers, et les « printemps arabes » dans plusieurs pays producteurs déstabilisent les cours. S’y ajoutent les effets de la croissance forte dans les pays émergents. Les cours montent de façon continue, produisant un effet de tassement dans la croissance mondiale. Certains experts parlent d’un « choc pétrolier rampant ». 

2010–2020 : La nouvelle carte du monde de l’énergie 

En 2010, la Chine passe devant les Etats-Unis en termes de consommation d’énergie primaire, reflet de son essor économique impressionnant. D’autres pays ont « émergé » comme l’Inde et le Brésil. L’Europe en revanche a baissé sa consommation de 10 %, notamment par ses efforts de sobriété et d’ . Grâce au , les États-Unis deviennent autosuffisants en gaz naturel et deviennent depuis le début des années 2020 le premier exportateur mondial de GNL. Leur autonomie en pétrole est passée du tiers en 2005 à 65 % en 2022. Cette progression vers l’autonomie énergétique pourrait conduire les États-Unis à moins s'impliquer dans les conflits au Moyen-Orient et donc à un certain désengagement.

10%
la part résiduelle du gaz russe dans les importations de l’UE en 2024

2022-2024 : La guerre en Ukraine

Le 24 février 2022, les armées russes pénètrent dans l’est de l’Ukraine. Vladimir Poutine, le président russe, comptait sur une guerre éclair mais celle-ci s’enlise rapidement. Le 26 septembre 2022, les deux gazoducs qui relient, sous la mer Baltique, les centres de production russes de gaz naturel à l’Allemagne, sont rendus inutilisables à la suite d’un sabotage. Les sanctions économiques prises par l’Union européenne (UE) à l’égard de la Russie aboutissent à une réduction massive (mais pas totale) des importations de gaz et de pétrole russes. Près de la moitié des importations européennes de gaz provenaient de Russie, la part est tombée à 10 % fin 2024. L’UE s’est reportée sur le GNL provenant de toutes les régions du monde par bateaux méthaniers. Les grands bénéficiaires sont les Etats-Unis, premier producteur de gaz naturel. 

 Quel est le plus grand exportateur mondial de gaz liquéfié (GNL) ?

Les États-Unis.

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La guerre en Ukraine a-t-elle mis fin aux importations européennes d’hydrocarbures en provenance de Russie ?

Non, l’UE importe encore 10 % de gaz russe, et une part minime de pétrole.  

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