États-Unis : gaz de schiste et énergies renouvelables changent la donne
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Le développement de l’exploitation du et des parcs solaires et éoliens, favorisé par les grands espaces géographiques américains, a profondément changé le des États-Unis. Le charbon a reculé et le pays exporte du gaz et du pétrole. Les émissions de CO2 des États-Unis sont au même niveau qu’en 1995. Le pays, paradis des puissantes automobiles, reste cependant un grand consommateur de pétrole.
© ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP - Devenus exportateurs de pétrole et de gaz, les États-Unis ont développé les infrastructures nécessaires. Sur la photo, le terminal côtier de Cameron, en Louisiane, permettant la liquéfaction du gaz naturel avant son transport par méthanier.
Des émissions de CO2 en baisse
Les émissions de CO2 liées à l’énergie ont culminé aux États-Unis entre 2005 et 2007, atteignant la barre des 6 milliards de tonnes, avant de diminuer de près de 15 % en dix ans. Les émissions ont ainsi retrouvé leur niveau de 1995, un peu au-dessus de 5 milliards de tonnes, alors que le produit intérieur brut (PIB) américain a presque triplé dans le même temps. En 2020, le niveau devrait tomber à 4,6 milliards, mais cette chute est due à la pandémie de la Covid-19 et est donc probablement temporaire1.
Le déclin de l’utilisation du charbon
Cette évolution à la baisse est due essentiellement à la substitution progressive du charbon par le gaz dans la production électrique2. Disponible en grandes quantités, à des coûts généralement bas, et assurant des dizaines de milliers d’emplois, le charbon a joué un rôle essentiel, parallèlement au pétrole, dans le développement américain. On le désigne encore souvent par le nom de « King Coal », d’après le titre d’un roman de l’écrivain Upton Sinclair en 1917. En 1990, il assurait encore plus de la moitié de la production électrique.
L’essor du gaz de schiste, au cours des années 2000, a apporté une ressource moins polluante et bon marché et les centrales à gaz ont peu à peu remplacé les vieilles centrales au charbon. Le basculement s’est produit en 2017 quand la part du charbon dans le américain est tombée à 30,1 %, dépassée par celle du gaz naturel (31,7 %). Le mouvement continue : le gaz représente en 2020 près de 40 % du mix électrique.
Les fluctuations de la politique fédérale des États-Unis
Ce déclin du charbon s’est poursuivi malgré la politique de soutien aux mines engagée par le président Donald Trump au niveau fédéral. Ce dernier, président de 2017 à 2021, avait conduit une politique fermement en faveur des énergies fossiles. Son scepticisme à l’égard de l’action internationale contre le l’avait même conduit à retirer son pays de l’accord de Paris.
Après sa prise de fonction en janvier 2021, le président Biden a ramené les États-Unis dans l’accord et fixé des objectifs pour la : une 100 % décarbonée d'ici 2035 et « » d'ici 2050. Il a rétabli certaines règles environnementales et s’est engagé à éliminer les subventions fédérales aux combustibles fossiles, notamment dans le golfe du Mexique et en Alaska.
Reste à voir si la nouvelle politique réduira les capacités de production dans le domaine des hydrocarbures de schiste qui ont permis aux États-Unis de devenir exportateurs de pétrole et de gaz, ce qui n’était pas arrivé depuis les années 1950. Ils sont aujourd’hui les premiers producteurs mondiaux, devant les pays du Golfe et la Russie.
Les énergies renouvelables
Cette politique fédérale permettra en tout cas la poursuite du développement des .
Les grands espaces américains avaient déjà permis aux États-Unis de devenir un précurseur dans l’énergie hydroélectrique. Au début des années 1930, le président Franklin Delano Roosevelt avait lancé, dans le cadre de son New Deal, le spectaculaire projet hydraulique de la vallée du Tennessee, pour développer une région frappée par le chômage.
L’essor des technologies du solaire et de l’éolien a conduit les États-Unis à construire à partir des années 2000 les plus grands parcs de panneaux solaires et d’éoliennes. Même si elles sont aujourd’hui devancées par les projets de la Chine et de l’Inde, les installations américaines de Californie et du Mid-West sont encore majoritaires dans les palmarès mondiaux.
Un parc éolien comme l’Alta Wind Energy Center, en Californie, a une de plus de 1500 mégawatts (MW), soit l’équivalent d’une grosse (sans en avoir la régularité). La centrale photovoltaïque Solar Star, à Rosamond, en Californie, a une capacité de près de 600 MW.
La production éolienne a doublé entre 2012 et 2018 et la production solaire a plus que triplé entre 2014 et 2018. Mais ces deux filières ne comptent encore que pour 7,5 % dans le mix électrique (6,3 % pour l’éolien et 1,2 % pour le photovoltaïque).
Le nucléaire et l’hydroélectrique sont stables dans le mix électrique à 20 % pour le premier et 7,5 % pour le second.