Le rapport du GIEC sur les terres émergées de la planète
Lecture 5 min
Le deuxième rapport spécial du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat)1 a été élaboré par 107 experts provenant de 52 pays. Pour la première fois une majorité (53 %) des auteurs d’un rapport du GIEC proviennent de pays en développement. Les femmes représentent 40 % des auteurs principaux.
© PETER PARKS / AFP - Incendie de forêt dans l'État de Nouvelle-Galles du Sud, dans le sud-est de l'Australie, en janvier 2020. La déforestation -accidentelle ou provoquée -réduit la capacité des sols à capter le CO2.
Double pression sur les sols de la planète.
Les terres émergées, hors les zones glaciaires, sont essentielles pour assurer l’alimentation de l’humanité et limiter les émissions de CO2. Or les sols de la planète subissent une double pression : celle des activités humaines (agriculture, élevage, déforestation), et celle du (érosion côtière, tempêtes, incendies). Mais des solutions existent : le GIEC présente quelque 40 mesures utiles. Ce sera aux Etats de choisir et de prendre des décisions.
Les sols nous donnent un sérieux coup de main !
Sur la période 2007-2016, les végétaux et les sols ont absorbé 29 % du total des émissions de CO2 dues aux activités humaines. Ils en ont besoin pour fabriquer feuilles, troncs et racines, via la . Le carbone pénètre peu à peu les sols, où il peut être stocké sur de longues durées. La couche supérieure des continents, sur 1 mètre, contient trois fois plus de carbone que toute l’atmosphère. Or près des 3/4 des terres émergées sont utilisées par l’Homme. Environ 1/4 de cette surface est dégradée par ses activités. D’où l’importance de la protéger.
Les forêts jouent un rôle particulier.
Elles détiennent près de 45 % du carbone des terres émergées. Mais la déforestation progresse, en raison des activités humaines et des incendies, essentiellement dans les zones tropicales. Au cours de la période 2015-2018, elle a été supérieure de 63 % à la déforestation des 14 années précédentes. Les forêts ont perdu 3 % de leur surface entre 1990 et 2015. La dégradation des zones humides et des tourbières contribue aussi à l’affaiblissement du captage du CO2.
Les émissions de l’agriculture et de l’élevage.
L’agriculture dégage du protoxyde d’azote (via les engrais) et l’élevage dégage du méthane (via la rumination du bétail). Le changement d’affectation des sols – au profit de zones urbanisées – aggrave aussi la teneur en CO2 de l’atmosphère, en détruisant les sols. Au total, 23 % des émissions anthropiques (dues à l’homme) proviennent des activités agricoles, le reste relevant de la production d’énergie, de l’industrie, des transports, de l’habitat. Et pourtant, le solde reste encore positif : les sols absorbent plus qu’ils n’émettent.
Le réchauffement climatique menace l’alimentation.
La température moyenne sur les surfaces émergées (libres de glace) augmente plus vite que la température globale, océans compris. Elle augmente de 1,7 °C en moyenne quand la température de surface de tout le globe augmente de 1 °C. Les sécheresses plus fréquentes entraînent une diminution des récoltes dans certaines régions, des risques de pénurie d’eau dans les zones arides. À +2 °C, les risques pour l’approvisionnement alimentaire pourraient devenir « très importants », selon le rapport.
La plaie du gaspillage et des pertes agricoles.
Les événements climatiques extrêmes favorisés par le réchauffement global ont, sur les dernières décennies, réduit d’environ 10 % les récoltes de céréales dans le monde. Mais il y a pire : la perte des récoltes, le gaspillage et les déchets alimentaires à l'échelle mondiale s'élèvent à plus de 25 % de la production, selon le rapport. Les réduire est une des solutions pour assurer la suffisance de l’alimentation.
L’élevage et le riz responsables des émissions de méthane.
Près de la moitié des émissions totales de méthane (qui comme le CO2 est un gaz à ) proviennent des ruminants et des rizières. Alors que les émissions de CO2 se stabilisent (à des niveaux certes trop élevés…), celles du méthane dues à l’agriculture ont été multipliées par 1,7 depuis 1961. Les cultures de riz (en quasi-totalité en Asie) sont responsables de près du quart des émissions agricoles de méthane.
Il faut réduire la consommation de viande.
La consommation de viande a plus que doublé dans le monde au cours des 60 dernières années. Or la production des protéines animales est très émettrice de gaz à effet de serre de différentes manières (production des aliments pour animaux, rumination des bovins, occupation des sols, etc.). Le GIEC est formel : diminuer la consommation de viande est un point clé pour réduire l’empreinte environnementale de l’alimentation, bien sûr dans les pays où la consommation est plus élevée que les recommandations nutritionnelles. Il est donc bénéfique de favoriser les régimes reposant sur des aliments d’origine végétale, comme les céréales secondaires (orge, avoine, seigle, mil…), les légumineuses (lentille, fève, haricot, pois chiche…), les fruits et légumes et les graines.