Les multiples utilisations de l’hydrogène

Publié le 02.10.2014

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Lycée
Sciences et technologies de l’industrie et du développement durable

Aujourd’hui, l’ est quasi-exclusivement utilisé pour des usages industriels dans la chimie et le . Demain, ses capacités en tant que pourraient jouer un rôle majeur dans le domaine des transports, dans les filières gaz, dans la production d’ et de

Gros plan sur une voiture à hydrogène

L’ produit aujourd’hui sert à plus de 80 % à la fabrication d’ammoniac, indispensable à l’industrie des engrais, et au des produits pétroliers, afin de désulfurer les carburants. Le reste est utilisé pour d’autres productions chimiques, pour la synthèse de matières plastiques, pour certains processus de l’industrie du verre et pour la fabrication de circuits imprimés électroniques. Dans le monde, près de 60 millions de tonnes d’hydrogène sont produites par an, 900 000 tonnes en France.

Son utilisation comme – 1 % seulement – est aujourd’hui limitée au domaine spatial, pour la propulsion de satellites et de fusées.

Dans le monde, près de 60 millions de tonnes d’hydrogène sont produ

Cette utilisation industrielle devrait rester dominante pendant de nombreuses années. Mais les perspectives d’utilisation des capacités énergétiques de l’hydrogène sont nombreuses, ce qui supposerait d’ailleurs, si elles se réalisent, d’augmenter considérablement la production globale. En voici quelques-unes :

Le stockage des énergies renouvelables

En plein essor dans le monde entier, les énergies solaire et éolienne présentent l’inconvénient d’être intermittentes et de produire parfois plus d’ que le réseau ne peut en intégrer. Utiliser cette électricité excédentaire pour produire de l’hydrogène, puis le reconvertir en courant via une pile à  , apparaît comme une des solutions de stockage et de « lissage » de la production électrique renouvelable. Un exemple : installée en Corse, la plateforme MYRTE1 comporte une centrale photovoltaïque reliée au réseau ; un électrolyseur convertit l’électricité en hydrogène pendant les heures de faible consommation ; cette énergie est restituée au réseau via une pile à combustible pendant les heures de forte consommation, notamment le soir lorsque les panneaux solaires ne produisent plus. L’hydrogène a donc là un rôle « tampon » qui améliore la stabilité du réseau. Les systèmes sont intégrés, compacts et assurent des opérations décentralisées et diffuses, sans avoir besoin de transporter l’hydrogène. Un autre projet, PUSHY, teste les mêmes processus avec des centrales de micro-hydraulique.

La production d’électricité

Alimentée par de l’hydrogène, une produit de l’électricité et émet de la  et de l’eau. 

Les piles sont adaptables à de multiples équipements, de toutes tailles, et pas seulement aux voitures particulières électriques. Elles peuvent équiper :

  • des petits appareils nomades (téléphones, ordinateurs) ; il existe même un prototype de vélo à hydrogène !
  • des véhicules qui ne sont pas tenus d’effectuer de longues distances ou d’être de taille réduite, comme les tracteurs agricoles, les flottes captives d’engins utilitaires. L’hydrogène sert déjà de façon courante à propulser des chariots élévateurs : 3 000 sont en activité aux États-Unis et le distributeur Ikea a lancé une opération en France.
  • des installations stationnaires. Il peut s’agir de stations de « niche », destinées à l’alimentation de sites isolés (antennes relais, centres de télécommunications…) ou de groupes de secours (serveurs informatiques, hôpitaux…), ou de stations plus lourdes, destinées à des unités industrielles.
L’hydrogène assure déjà la motorisation de milliers de chariots élé

Les piles à combustible stationnaires

L’utilisation de piles à combustible (PAC) stationnaires, destinées à l’alimentation de maisons, d’immeubles ou d’espaces commerciaux, se développe rapidement. L’hydrogène est produit directement sur place à partir du gaz naturel de la ville par un équipement adjoint à la pile, l’ensemble ne dépassant pas la taille d’une armoire. Le système fournit de l’électricité mais aussi de la chaleur récupérable pour le chauffage des locaux. Le Japon est leader dans ce secteur avec plus de 100 000 unités installées en 2016. À terme, l’hydrogène pourrait être prélevé sur le réservoir de la voiture à hydrogène si ce type de véhicule se développe. L’Allemagne a engagé des programmes dans le même sens.

Cette production très localisée d’électricité peut suppléer à des défaillances de réseaux centraux, une protection utile dans des pays soumis aux tremblements de terre ou aux typhons comme le Japon. Un autre intérêt de ce développement massif est de faciliter l’industrialisation des piles à combustible, donc la baisse de leur coût de fabrication, ce qui pourra être bénéfique à l’utilisation dans le secteur de l’automobile.

Le « power to gas »

L’hydrogène peut être réinjecté, à hauteur de 5 à 10 %, dans les réseaux de gaz naturel pour contribuer aux usages classiques dans l’habitat ou l’industrie. Ce gaz naturel additionné d’hydrogène peut aussi servir de carburant, tel l’Hythane®, pour des flottes d’autobus. Un projet pilote, baptisé GRHYD2, est en cours à Dunkerque pour étudier ces deux usages.

La méthanation

L’hydrogène peut être combiné à du CO2 et recréer du méthane, c’est-à-dire du gaz naturel. Cette « méthanation » pourrait permettre de réduire les émissions de CO2 de certaines usines, comme des centrales à charbon, à condition que l’hydrogène soit produit à partir d’électricité renouvelable ou nucléaire. Le méthane peut être transformé en divers carburants comme le ou le kérosène. Toutefois, pour que le processus soit économiquement rentable, il faudrait que le prix de la tonne de CO2 s’envole… Combiné à de l’eau et du CO2, l’hydrogène peut aussi conduire à des alcanes, des hydrocarbures saturés, ce qu’on appelle des électro-carburants. C’est le futur du futur !

 

Sources :
  1. Le projet MYRTE
  2. Le projet GRHYD

 

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